ANAQUANT : 3 questions à Tanguy Fortin, co-fondateur et CEO
13 juin 2017Start-up spécialisée dans les bioanalyses utilisant la spectrométrie de masse, ANAQUANT assure l’analyse et la quantification de protéines, d’anticorps et de biomarqueurs pour l’industrie pharmaceutique. Adossée à l’Institut des Sciences Analytiques (ISA), centre de recherche d’envergure européenne spécialisé dans la spectrométrie de masse basé à Villeurbanne, ANAQUANT a développé sa technologie propriétaire READYBEADSTM dédiée à la préparation de solutions standard.
Le Nespresso® de la bioanalyse
« L’idée est née d’un constat : celui de tous les problèmes qui entourent la préparation des échantillons biologiques, en particulier des molécules étalons » explique Tanguy Fortin, CEO et co-créateur d’ANAQUANT après une thèse ISA/Biomérieux et un passage de 4 ans dans l’industrie pharmaceutique chez Biomérieux. « Or ces molécules étalon sont cruciales pour la recherche et le développement de nouveaux médicaments comme pour le suivi thérapeutique, mais leur préparation est complexe, très chronophage, et génère d’importants risques d’erreur » insiste-t-il, évoquant la délicatesse des procédés de pesée et dilution de poudres, l’incertitude sur la stabilité des mélanges auxquelles s’ajoute la contrainte d’une fabrication quotidienne.
3 questions à Tanguy Fortin, co-fondateur et CEO d’ANAQUANT
Pourquoi « ANAQUANT» ? Quel a été le déclic pour créer et comment votre parcours vous y a mené ?
TF : De par mon environnement familial et amical qui m’a apporté une véritable culture entrepreneuriale, je crois que j’ai toujours eu une âme d’entrepreneur. Pur scientifique avec une thèse de chimie analytique, je pense que mon passage de 4 années dans le monde de l’industrie chez bioMérieux a largement contribué à me structurer l’esprit, et à m’éloigner de la science pour parler en termes plus économiques à des industriels. J’ai réalisé que ceux qui réussissent ne sont pas ceux qui ont la plus belle science mais ceux qui sont capables de la mettre en avant. Ce qui a réellement créé le déclic chez moi est le besoin de nouveaux challenges, de revenir à mon souhait de créer « quelque chose », de bâtir une équipe avec des valeurs partagées. A 35 ans, je me suis dis que c’était le moment, le risque de quitter une société comme bioMérieux serait compensé par l’expérience que j’allais acquérir dans une aventure entrepreneuriale.
C’est alors que j’ai repris contact avec mon ancien Directeur de thèse, Jérôme Lemoine, avec qui les liens n’avaient jamais été coupés, et qui avait depuis plusieurs années l’envie de créer une start-up autour des compétences développées au laboratoire …et cherchait un porteur de projet. Le besoin était identifié puisqu’il faisait alors de la prestation de services à travers des contrats de valorisation, mais l’expertise n’était pas valorisée comme elle aurait pu l’être à travers une société. Evidemment j’avais le profil expert pour porter ce projet et valoriser une compétence qui n’était pas courante !
Comment vous projetez-vous à 10 ans ? Quelle est l’ambition d’ANAQUANT?
TF : Nous souhaitons devenir le Nespresso® de la préparation d’étalons, autrement dit rendre disponible l’analyse complexe pour tous. L’objectif est de fournir le standard universel afin que chaque analyse ait une base identique partout dans le monde. Grâce à nous le client gagnera du temps, de l’argent …et économisera du « temps cerveau » pour revenir à son cœur de métier, analyser et interpréter des résultats et non plus préparer des solutions d’étalonnage. La robustesse de nos analyses procure à la fois un gain de temps et une tranquillité d’esprit pour les laboratoires qui se déchargent de la problématique du stockage et de la stabilité de leurs mélanges d’étalons. Notre ambition est de taille car nous voulons imposer notre technologie comme nouvelle méthode de standardisation universelle dans la quantification.
En quoi l’enveloppe incubation de PULSALYS vous a-t-elle aidé ?
TF : Plus en amont, l’avance remboursable (prêt à taux 0) obtenue auprès de CREALYS en 2014, juste avant sa mutation en PULSALYS, nous a permis de créer le site Internet et de disposer des services d’une consultante afin de structurer notre offre de service et nos messages. Par la suite PULSALYS m’a apporté un certain cadre pour me poser les bonnes questions, prendre du recul même si la remise en question perpétuelle est parfois difficile à vivre. Cela m’a aussi permis de briser la solitude de l’entrepreneur qui subit l’ascenseur émotionnel, capable de passer en une journée du 15ème sous-sol au 15ème étage.
Un autre atout appréciable a été d’avoir un interlocuteur unique – en l’occurrence Nathalie COHET – qui garde une vue globale sur le projet et empêche de retourner dans la zone de confort qu’est la science. J’ai aussi eu la chance de participer via PULSALYS à la formation Alkina qui est un Boot-Camp particulièrement structurant.
Le mot du chef de projet
Nathalie COHET, Accompagnatrice d’entrepreneurs – Secteur sciences de la vie
« Au départ Tanguy avait un profil très technique … puis tout son potentiel d’entrepreneur s’est révélé » se rappelle Nathalie.
A ses débuts, ANAQUANT visait la prestation de services pour l’analyse quantitative, mais à la fin de la période d’incubation il s’agissait de trouver un levier de développement …et c’est lors du Boot Camp Alkina que la réflexion a mûri !
L’idée de développer un kit de dosage à façon prêt à l’emploi qui permette de tout calibrer a été un vrai pivot et le projet a été validé en juillet 2016.
Pour des problèmes administratifs la maturation a dû être interrompue début 2017, mais nous avons eu la chance de pouvoir incuber le projet malgré tout.
« Malgré les moments de tension qui ont ponctué la vie du projet celui-ci a bénéficié d’une adaptation. Tout le travail d’accompagnement prend alors corps pour faire de la médiation » observe Nathalie, soulignant qu’il faut toujours être très pédagogue pour expliquer le métier de PULSALYS dont le modèle économique doit intégrer le retour sur investissement. « Chez PULSALYS on se positionne comme partenaire du projet et on est aux côtés des entrepreneurs mais on ne fait jamais d’ingérence » conclut-elle.
